A quoi bon! (Jaya)

Ce en ne se faisant pas prier elle murmura seulement pour se parler a soie même ses paroles tout en prenant son T-Shirt de l'après-midi comme mouchoir après son incident! Bon ça vas, ça vas... Aye!Psssss! Beurk ...

Hj: pas très long, pas dans mes habitudes. Un peu trop fatiguée! Merci!

Casquette sur la tête, jean et baskets, blouse à fleurs et sac empli de feuillets volants, classeurs et autres cahiers, Jaya s'engouffra dans la bouche de métro la plus proche. Elle sortait d'une entrevue avec son directeur de recherche à la faculté et était vannée. Elle n'avait plus qu'une seule envie : direction l'hôtel, un bon bain chaud parfumé aux huiles essentielles, un coup de fil à ses parents -avec le décalage horaire, il serait encore tôt chez elle-, un repas léger et zou, au lit.

Son esprit était encore totalement embrumé par la conversation houleuse qu'elle avait eu avec son professeur. Il n'aimait le début ni la direction qu'elle donnaît à son mémoire mais il ne savait pas encore qu'elle ne lui laisserait pas le choix. Jaya était obstinée, et même carrément têtue. S'il persistait à lui dire qu'il n'aimait pas ce qu'elle faisait, il pouvait être sûr qu'elle allait en rajouter une couche.

Elle farfouilla dans son sac à la recherche de son passe de métro, passa les guichets et se retrouva sur la voie. Bien sûr, il n'y avait pas une seule place de disponible, ça aurait été trop beau pour ses petits petons fatigués. Jaya soupira et jeta un oeil au décompte des prochains trains. Quatre minutes à attendre. Elle soupira. Il était inutile de se plonger dans son bouquin, elle n'aurait pas le temps de "rentrer dedans" mais en même temps elle n'avait pas grand chose d'autre à faire.

C'est à ce moment là qu'une jeune fille se leva pour revenir presque immediatement mais en saignant du nez et en poussant un cri de douleur. Tous les regards étaient rivés sur elle mais personne n'alla s'enquérir de comment elle allait. Jaya reconnaissait bien là la sollicitude parisienne. La jeune fille s'était mise à éponger son sang avec son t-shirt et semblait d'une humeur électrique. Plongeant à nouveau la main dans son sac, Jaya en sortit un paquet de mouchoir et elle se rapprocha de la blessée.

-Excusez-moi... Je pense que ce sera mieux que votre haut, dit-elle dans un français parfait, en lui tendant le paquet. Elle attendit que la jeune fille s'en saisisse puis reprit :
-Tout va bien ?

Jaya se laissa submerger par le flot de paroles et de naturel de la jeune fille en face d'elle. En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire "ouf", elle avait eu l'impression qu'Alesia -c'était son prénom- avait déversé tous ses malheurs sur elle. Ce n'était pas très commun chez les parisiens -et les français en général- de se confier aussi facilement. Malgré ce qu'elle semblait penser d'elle même, cette jeune fille inspirait la sympathie et Jaya la classa immédiatement dans la catégorie "personnes généreuses mais un peu paumées". Elle sourit et lui serra chaleureusement la main qu'elle tendait.

-Je suis heureuse d'avoir pu t'être utile. Ca aurait été dommage d'abimer un si joli haut, dit-elle en désignant la blouse. Je m'appelle Jaya, ajouta-t-elle de sa voix douce.

Elle laissa Alesia finir de se nettoyer et écouta sa tirade sans la quitter des yeux. Elle se sentait vaguement inquiète pour cette presque petite fille et se demandait ce qui pouvait la chagriner au point de la faire rougir, pleurer et s'essuyer dans sa blouse. Certainement pas un simple saignement de nez.

-Je comprends ce que tu peux ressentir. Paris est une grande ville, et quand on arrive ici...

Jaya était mal placée pour vraiment comprendre en fait, elle avait beaucoup voyagé et se trouvait à peu près à l'aise partout, mais l'ambiance de Paris était très particulière et cela ne l'étonnait pas qu'on puisse s'y sentir à l'écart.
Quand Alesia lui demanda où elle allait, elle failli lui répondre qu'elle rentrait chez elle, puis elle se ravisa.

-Hum... Je m'apprêtait à rentrer chez moi, dans le VIIIème. Mais je crois que je peux faire un détour. Si nous prenons la même ligne, c'est que nous allons dans la même direction ou presque. Je voudrais m'assurer que tu vas bien et que ce saignement ne cache rien de plus sérieux.

Le bruit du métro qui se rapprochait l'interrompit et tous les passsagers s'avancèrent vers la voie.

-Il arrive. Tu viens ? On peut aller vers toi, ou là où tu allais, peu importe. On trouvera une pharmacie et peut-être même un café. quelque chose de chaud, ça te fera du bien.

Il n'était pas tard, et puis elle était à paris. Jaya sourit une fois de plus à alesia pour la convaincre.

Alesia avait le don d'éveiller l'instinct maternel qui sommeillait en Jaya. A moins que ce ne soit son côté oriental... Elle fit un signe de tête à la jeune fille pour lui montrer qu'il n'y avait aucun problème et elle la suivit dans le métro.

-Tu peux me tutoyer sans problème et je te suis avec plaisir, ne t'inquiète pas. Peut-être que certains n'ont pas de scrupules à laisser quelqu'un dans ton état toute seule dans le métro mais ça m'embêterait qu'il t'arrive quelque chose...

Elle se poussa pour laisser passer un voyageur qui sortait. Bien que le métro soit presque plein, il filait vite et elles allaient bientôt devoir décider de leur destination.

-Je suis partante pour aller dans "ton" café. J'habite sur les Champs Elysées et les tarifs ne seront certainement pas les mêmes, dit-elle en roulant des yeux.

Pour Jaya, l'argent n'était pas un problème et elle en remerciait le ciel et ses parents tous les jours, mais elle savait que ce n'était pas le cas pour tout le monde, surtout à Paris. Elle ne connaissait pas encore Alesia et ne voulait pas la mettre dans une situation gênante, il valait mieux qu'elle s'adapte au train de vie de la jeune fille.

-Tu me dis quand il faut descendre, reprit-elle alors que le métro marquait un arrêt de plus. Elle n'avait absolument aucun idée de l'endroit où pouvait habiter sa compagne, aussi se remit-elle à lui poser des questions.

-Alors ton haut appartenait à ta mère ? C'est vraiment dommage, je suppose que tu y tenais beaucoup. Peut-être qu'un bon couturier pourra y faire quelque chose, suggéra-t-elle avec optimisime. Elle avait l'impression qu'Alesia avait surtout besoin qu'on lui remonte le moral et cela lui changeait les idées après sa journée éreinte et tellement... futile.

-Et qu'est ce qui t'amène à Paris ? Je suppose que tu ne passes pas ta journée à trainer dans le métro... Tu es étudiante ?

Cela faisait partie du côté naif et indien de Jaya : elle n'imaginait pas que quelqu'un d'aussi jeune puisse se retrouver dans la capitale parisienne pour autre chose que des études...